La Création
Jocelyne Saab reconstruit des ponts à travers l'art et recrée dans un « jardin suspendu » un monde totalement bouleversé par un conflit.
Le concept d’installation de cette exposition puise ses sources dans le caractère même de BEYROUTH, ville sept fois détruite par des tremblements de terre qui ont accompagné le passage des différentes civilisations et sept fois détruite en moins de trente ans par un cycle de guerres infernales.
Ce travail issu de son expérience personnelle dans la guerre de 1975 à 2006, tente de faire ressentir au visiteur ce qu’inflige le cycle infernal de destruction et de renaissance. Jocelyne Saab a eu recours à une architecture de « jardin suspendu » pour montrer ses images.
Jardin dans la langue arabe vient du mot « jannat » qui veut dire paradis. Ce paradis perdu est aussi celui d’un jann, mot issu de jannat, orthographié djinn en Anglais et en Français. Le djinn dans la littérature est le démon invisible qui inspire ou tourmente les hommes. Il est une sorte de génie du bien ou du mal dans les croyances populaires orientales se situant entre l'homme et l'ange.
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Le témoignage de l'artiste
« Lorsque dans les années 1990 un homme d’affaires lance une opération publique d’achat sur la ville pour la reconstruire, les bulldozers déblaient les ruines de guerre, et les archéologues ouvrent le ventre de la ville, remettant ainsi à jour les traces des civilisations antiques, le temps de permettre aux habitants de la ville, avant de tout recouvrir d’une couche de béton et d’asphalte, de marcher simultanément sur les voies grecques, romaines et phéniciennes restaurées, et de lire dans la terre l’histoire de leur ville.
J’ai vécu cette expérience très émouvante qui a renforcé mon appartenance à cette terre très ancienne. C’était aussi une manière de se transporter en trois dimensions dans le temps.
J’ai conçu STRANGE GAMES AND BRIDGES tel ce chantier de fouille mis à jour par les archéologues. Je tente de faire ressentir aux visiteurs ce qu’une déambulation dans "le jardin de la guerre" peut infliger aux citadins qui s’y risquent. »
Laurence Rasse, paysagiste de jardin
Laurence Rasse a dessiné une passerelle en U à 2,25 mètres du sol qui permet au visiteur de parcourir ce jardin suspendu. |